Il est difficile pour un syndicat qui depuis plus de 40 ans défend les propriétaires immobiliers mais aussi les épargnants au sens large de ne pas être interpellé par la hausse spectaculaire du PTB dans les sondages.

Le SNPC doute fort qu'il y ait soudainement en Belgique environ 20 % de citoyens qui seraient d'extrême gauche. Une bonne partie des gains du PTB doit trouver son origine dans le très grand mécontentement des citoyens vis-à-vis des pratiques de partis et de mandataires politiques, du manque total d'écoute et de leur déconnection vis-à-vis des préoccupations de tous les jours des électeurs.

Le plus grave dans tout cela c'est que les dérives dénoncées l'ont été depuis des années. Pensons par exemple à toutes les astuces trouvées par les André Gilles et Georges Pire, pour ne citer qu'eux, pour éviter les règles en matière de cumuls de mandats et de rémunérations au vu, au su et avec l'aval de leur parti, nonobstant les sonnettes d'alarme de certains mandataires.

Il a bien fallu du courage à Cédric Halin, l'échevin d’Olne, pour dénoncer le scandale PUBLIFIN, NETHYS... et consorts, pour s'exposer à des mesures de rétorsion et – plus surprenant – pour que les médias accrochent enfin durablement à ces ‘affaires’ avec les conséquences que nous connaissons aujourd'hui.

Aucune limite pour certains. Michel Rocard soutenait qu'il y a deux types d'hommes politiques, ceux qui sont là pour servir et ceux qui sont là pour se servir. Les précités font partie de la seconde catégorie au même titre que ce mandataire qui a fait nommer par une autorité locale, sa femme, sa soeur et sa belle-soeur et plus accessoirement fait engager son beau-frère pour y « faire des ménages » événementiels. Son parti pourtant est le grand défenseur de l'initiative privée, de la réduction des dépenses publiques donc du nombre de fonctionnaires, etc ...

Nous pourrions également nous étendre sur le dossier du Kazakhgate : quand on a exercé les plus hautes fonctions de l'Etat en tant que président du Sénat, on ne se commet pas avec Monsieur Chodiev et ses amis, en se livrant à divers trafics d'influence.

Mais au-delà, le SNPC est ébahi par la manière dont des partis et mandataires publics appréhendent encore aujourd'hui leurs relations et échanges avec les citoyens, voire des associations représentatives comme la nôtre.

Prenons deux exemples.

Le premier concerne les échanges et discussions avec le Cabinet Fremault dans le cadre de la régionalisation du bail à loyer à Bruxelles. Ceux-ci n’ont pas été un long fleuve tranquille, tout en admettant que par notre lucidité et notre combativité, nous avons pu éviter quelques belles horreurs.

Quoi de plus légitime alors que d'écrire au président du Cdh, Monsieur Lutgen qui, deux mois plus tard (à l'heure de l'internet) nous adresse unréponsepostaled'unautreâge, ne répondant pas à nos arguments de fond et nous renvoyant au Cabinet Fremault avec lequel pourtant le courant ne passe plus... Cabinet qui n'est même pas à même de soutenir tel quel le projet d'ordonnance qu'il a établi après « concertation avec les acteurs de terrain » et qui « serait censé traduire un certain équilibre » devant le parlement bruxellois puisqu'il accepte un certain nombre d'amendements plutôt réducteurs des droits des bailleurs.

Le second exemple concerne le premier ministre Charles Michel : depuis mi 2016, le SNPC l'interpelle en matière de copropriété sur la problématique des ascensoristes, le commissionnement illégal d'un certain nombre de syndics, l'opportunité de saisir l'autorité belge de la concurrence pour mener une vaste enquête sur le commissionnement des principaux fournisseurs de copropriété, la reconnaissance des copropriétés comme consommateurs, etc. en vue de faire jouer pleinement la concurrence et réduire les charges de copropriété.

Après plusieurs annulations, nous avons enfin pu rencontrer un de ses conseillers, ou plutôt l’un des collaborateurs de ce dernier. C'était en juillet 2016. Nous avons ensuite confirmé par mail nos demandes et depuis,nonobstantplusieursrappels, aucune suite depuis presqu’un an !

Comme Sœur Anne nous attendons. Quel manque total de respect vis-à-vis des copropriétaires. Notre combat serait-il illégitime ? Le lobby des ascensoristes dicterait-il sa loi au gouvernement fédéral et au ministre des consommateurs Kris Peeters qui lui aussi, est aux abonnés absents depuis mai 2016 sur cette question ?

Dans un tel contexte, le ras-le-bol des citoyens est pour le SNPC tout à fait légitime et il faudrait que d'aucuns et d'aucunes arrêtent de les prendre pour des cons. Certains trouveront peut-être que, dans les colonnes du magazine Le Cri, nous ne devrions pas utiliser ce type de terme mais notre expérience nous montre que chaque fois que nous en avons fait état, cela a été de nature « à secouer » nos interlocuteurs !

Pour nos membres qui seraient tentés demain de voter PTB, il faut être conscient que, malgré une communication assez efficace et un côté séduisant, c'est la gauche de la gauche, l'appropriation collective des moyens de production et d'échange, la disparition de la propriété privée de manière plus ou moins rapide.

Entretemps, il faut s’attendre à toutes les mesures possibles et imaginables pour éradiquer les bailleurs : taxation des loyers réels, droits de donation et de succession expropriatoires, permis de location et autorisation préalable de location pour tous les logements, baux à vie, suppression du choix de son locataire, loyers fixés dans le privé comme dans le logement social, pas d'expulsion sans relogement, etc...

Il faudra donc bien peser le pour et le contre lors des scrutins d'octobre 2018 (élections provinciales et communales) et de mai 2019 (élections fédérale, régionales et européennes). Mais un vote sanction des partis traditionnels ne ferait sans doute pas de tort...

Nous en reparlerons.

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Par Olivier Hamal, Président du SNPC-NEMS